Cet été, la source Tridaine sera, encore une fois asséchée ! Retour sur un énorme gâchis

Photo © Guy Focant

Depuis 1892, l’Abbaye alimente gratuitement la Ville de Rochefort et ses habitants grâce à l’eau de la source Tridaine. Cette eau, d’une pureté exceptionnelle, est aussi utilisée pour la fabrication de la fameuse bière trappiste de Rochefort.

Mais saviez-vous que la source Tridaine a été volontairement asséchée cet été ? Saviez-vous que la Ville de Rochefort a décidé de recourir une nouvelle fois aux pompages de la société Lhoist, pourtant jugés illégaux par une décision de justice, alors que l’Abbaye a mis à sa disposition des alternatives concrètes et fiables ?

La sécheresse à Rochefort

Depuis 2017, des périodes de sécheresse ont entraîné une diminution temporaire du débit de la source Tridaine en été. En réaction, le Bourgmestre a usé trois années de suite de son pouvoir de police en réquisitionnant les puits de la société Lhoist. Problème: ces pompages assèchent Tridaine.

Le 1er août 2019, le Tribunal de première instance de Marche-en-Famenne a reconnu que l’Abbaye a droit à l’approvisionnement naturel de la source Tridaine et a jugé que les pompages de Lhoist violent les droits de l’Abbaye puisqu’ils entraînent l’assèchement de la source.

En prévision de la sécheresse de l’été 2020, l’Abbaye, bien décidée à aider la Ville, a mis tout en œuvre pour proposer des puits alternatifs, permettant à la fois d’assurer l’approvisionnement en eau et de préserver l’écoulement naturel de la source. La proposition était de réquisitionner le puits F4, déjà fonctionnel, et les puits NV3, NV5 et NV6 en complément.

La solution proposée par l’Abbaye constitue non seulement une réponse aux besoins immédiats de l’été 2020, mais, plus important, elle permet de répondre sur le long terme aux problèmes d’approvisionnement en eau de la Ville.

La voie de la raison

Le 16 juillet 2020, Madame la Bourgmestre a décidé à juste titre de réquisitionner le puits F4. Elle a justifié son choix par la volonté de préserver l’écoulement naturel de Tridaine.
Durant la deuxième moitié du mois de juillet, le puits F4 a fourni de l’eau de manière constante, et la source Tridaine a continué à couler. L’eau fournie était d’une excellente qualité.
À plusieurs reprises, l’Abbaye a aidé la Ville dans des situations de crise . Par exemple, le 7 juillet dernier lorsque les réservoirs d’eau de la Ville ont été complètement vidés suite à l’incendie aux établissements Monseu. De même, fin juillet, l’Abbaye a apporté un soutien en eau immédiat à la Ville suite à une rupture d’approvisionnement à Han-sur-Lesse.
Dans l’intervalle, l’Abbaye a travaillé d’arrache-pied et a investi des sommes considérables pour que les puits de secours (NV) soient opérationnels dans les délais. La Ville n’avait rien à craindre puisqu’elle savait que, si les puits de l’Abbaye ne produisaient pas assez d’eau, elle pouvait toujours se retourner en dernier recours vers le puits JE77 de Lhoist. Tout était donc prêt pour assurer sereinement un approvisionnement de la Ville durant tout l’été.

Là où ça a dérapé…

Cette histoire aurait pu connaître une issue heureuse si Madame la Bourgmestre avait continué à collaborer, en toute transparence, avec l’Abbaye. Ce n’est pas ce qu’elle a choisi de faire.
Début août, Madame la Bourgmestre a affirmé, en se fondant uniquement sur les données de Lhoist, que le débit de la source Tridaine ne permettrait plus d’assurer l’approvisionnement de la Ville. Les chiffres communiqués par Lhoist étaient erronés. L’Abbaye a découvert, avec les services techniques de la Ville, que le débit annoncé par Lhoist était très largement sous-estimé. Par exemple, lorsque Lhoist annonçait que Tridaine débitait à 9 m3/h, le débit était en réalité de 28 m3/h !
Ainsi, au moment de la réquisition du puits de Lhoist, la source Tridaine produisait un débit confortable. L’Abbaye a insisté pour que ses puits complémentaires (NV) soient réquisitionnés pour compléter ce débit en cas de diminution. Madame la Bourgmestre savait que les puits de l’Abbaye permettaient de fournir à la Ville rapidement et dans un débit constant, une eau de qualité irréprochable tout en préservant Tridaine.

L’Abbaye a tout fait pour faire entendre raison à la Bourgmestre et pour sauver Tridaine. Elle a, par le biais de plusieurs courriers, attiré son attention sur le fait que les débits de Tridaine annoncés par Lhoist étaient incorrects. Elle a réitéré sa proposition de mettre en œuvre les puits NV pour compléter le débit de la source. En vain.
Les pompages de Lhoist ont débuté le 5 août, ayant pour effet immédiat d’assécher complètement Tridaine et réduisant à néant des mois de travail pour tenter de préserver la source. Fin de l’histoire.

Et maintenant ?

En ces temps de sécheresse, et à l’heure où tous les voyants sont au rouge en matière climatique et environnementale, il est absolument primordial de préserver les ressources naturelles en eau potable.
Loin d’explorer et de mettre en œuvre les alternatives lui permettant d’assurer l’approvisionnement durable en eau tout en laissant Tridaine continuer de s’écouler, la Ville a délibérément choisi d’assécher la source.
L’Abbaye ne comprend pas l’attitude de la Ville qui consiste à se tourner une nouvelle fois vers Lhoist, un carrier, dont elle sait pertinemment que les pompages détruisent Tridaine, et ce, alors que l’Abbaye a mis en œuvre des efforts humains et financiers considérables pour apporter une solution à court et long terme. Cette décision viole par ailleurs la décision de justice du 1er août 2019 qui ordonne de préserver l’approvisionnement naturel de la source.
Les Rochefortois ont le droit de savoir ce qu’on fait de leur eau et d’exiger de la Ville une gestion durable et responsable de cette ressource qui nous est si précieuse. Car le sort de la source de Tridaine est l’affaire de tous.

 

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Abbaye Notre-Dame de Saint-Remy

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