Réponse en 9 points au communiqué de Lhoist

Les arguments de Lhoist, issus de leur communiqué du 18 juin, sont numérotés de 1 à 9, les réponses de l’Abbaye Notre-Dame de Saint-Remy sont présentées à la suite de ceux-ci.

Photo © Guy Focant

 

1. Lhoist Industrie tient à réagir aux messages erronés et partiaux émis par l’Abbaye Notre-Dame de Saint Remy au sujet du projet d’approfondissement de la Carrière de la Boverie à Rochefort.

Depuis le début du projet, Lhoist Industrie s’inscrit dans une démarche de transparence et de dialogue avec toutes les parties impliquées dans ce projet. C’est ainsi que dès 2008, l’Abbaye, la Ville de Rochefort et Lhoist Industrie ont participé ensemble à une étude hydrogéologique, en ayant recours à des experts hydrogéologues indépendants, sous la supervision de la Division des Eaux Souterraines de la Région wallonne.

Dans l’introduction de l’accord de 2008 qui encadre l’étude hydrogéologique, on peut lire :

« L’Abbaye et la Ville estiment aujourd’hui n’avoir aucun intérêt personnel à la réalisation du projet de Lhoist et ne s’engagent dans la présente convention qu’avec la plus grande réserve. » L’abbaye n’a accepté d’y participer que pour répondre au ministre de l’environnement de l’époque, à la demande du carrier, et cela suite à la coupure d’eau ayant pour origine un  essai clandestin de pompage dans la carrière.

De plus, la Convention Tridaine stipule clairement que la phase active de l’étude (soit les essais de pompage, forages…) ne sera démarrée qu’après approbation par les trois parties (Lhoist, la Ville et l’Abbaye) à l’unanimité. Or, l’Abbaye s’est toujours opposée au démarrage de cette phase active car il y a un risque de détérioration de la qualité chimique de l’eau. L’Abbaye souhaite préserver cette eau de source qui s’écoule naturellement et gravitairement.

2. Les conclusions de cette étude ont été signées par les experts hydrogéologues de l’Abbaye, la Ville et Lhoist Industrie. Il est donc surprenant de voir l’Abbaye revenir sur sa position alors que son expert a validé la solution de pompage proposée.

L’Abbaye a toujours émis des réserves quant aux conclusions de l’étude, car elle ne porte que sur la question de la qualité que l’eau aura après pompage. En effet, l’eau sera puisée en amont et ne profitera plus du passage dans la masse calcaire qui lui donne sa pureté naturelle actuelle que l’Abbaye entend préserver. Le 20 juin 2011, Christophe de Doncker, porte-parole de l’Abbaye, a d’ailleurs envoyé un courrier aux membres du Comité d’accompagnement de la Convention Tridaine, dans laquelle il faisait part de ses réserves.

3. L’eau qui sera fournie par Lhoist à l’Abbaye et à la Ville est la même que celle qui s’écoule dans la galerie de Tridaine actuellement. Elle sera pompée dans la même nappe aquifère. La qualité de l’eau fournie sera donc similaire à la qualité requise pour le brassage de la bière.

Ce propos est erroné. L’étude hydrogéologique n’apporte aucun élément garantissant la qualité de l’eau en amont de la carrière dans le contexte du projet du carrier. Elle conclut en ces termes :

« D’un point de vue qualitatif, l’eau de la nappe du Membre du Lion présente actuellement des caractéristiques chimiques se prêtant apparemment bien à sa substitution à l’eau de la source de Tridaine, mais la qualité de ces eaux pourrait varier, et cela de manière difficilement prévisible dans l’état actuel des connaissances, suite aux modifications d’écoulement dans le cas du déplacement de l’exutoire de la nappe. Les incertitudes portent essentiellement sur le comportement des nitrates et des sulfates, deux ions importants en matière de production de la bière. »

4. Il convient également de préciser que, contrairement à ce qui est suggéré dans la communication émanant de l’Abbaye, la bière Trappiste telle que nous la connaissons aujourd’hui est née en 1953, trois ans seulement avant l’ouverture de la Carrière de la Boverie sur le plateau du Gerny. La pierre et la bière cohabitent donc ensemble depuis plus d’un demi-siècle. La pierre constitue donc un des fleurons de la région au même titre que la bière Trappiste.

La bière est produite à l’abbaye depuis au moins le milieu du XVIème siècle. Sa commercialisation date de 1910 même si ce n’est effectivement qu’en  1952 que la communauté a établi de manière officielle les caractéristiques de la bière, toujours appliquées aujourd’hui.

5. Précisons également que Tridaine n’est aucunement une source naturelle puisqu’il s’agit d’une galerie qui a été creusée par l’homme il y a plus d’un siècle. S’il est vrai que l’eau s’écoule actuellement dans la galerie de Tridaine de manière gravitaire, il est par contre inexact de la présenter comme une source naturelle.

Il s’agit de protéger l’écoulement naturel d’une eau de source découverte depuis plus de deux siècles. Le carrier joue avec les mots pour justifier une position intenable. La définition de la notion de source ne la conditionne pas à une émergence naturelle. La source est définie comme « L’eau qui commence à sourdre, qui sort de terre, et qui est l’origine d’un cours d’eau grand ou petit ». En outre, le Code de l’Eau protège les eaux souterraines qu’elles émergent comme source ou par un captage.

6. Lhoist Industrie a toujours exprimé un profond respect pour l’Abbaye et la bière Trappiste qui font la renommée de la région bien au-delà de nos frontières. Il n’a jamais été question de dénigrer l’activité brassicole, bien au contraire, l’Abbaye a été associée dès le départ à notre projet en participant aux études hydrogéologiques préalables.

Peut-on considérer comme respectueux :

  • le pompage clandestin en 2008
  • le fait de bafouer l’engagement pris en 1984 de ne pas descendre plus profondément que le fond de carrière actuel
  • la volonté de pomper des eaux en violation du droit de propriété de l’eau de l’abbaye ?

En ce qui concerne l’association au projet par la participation à l’étude, cette question a déjà été réfutée sous le point 1.

7. Nous respectons les emplois générés par l’abbaye, autant que ceux que notre carrière et notre usine à chaux procurent à de nombreux habitants de la région, sans compter de très nombreux emplois indirects liés à notre activité. Il en va d’ailleurs de notre responsabilité en tant qu’employeur de maintenir une activité à Rochefort afin de préserver l’emploi local. La préservation de l’emploi passe par une prolongation de l’extraction de la pierre calcaire en profondeur, tout en maintenant un approvisionnement suffisant en qualité et en quantité à l’Abbaye et à la Ville de Rochefort.

Lhoist sait depuis 1984 que le creusement de la carrière devra s’arrêter au niveau actuel. Il y a près de 30 ans que la multinationale aurait du commencer à penser au plan de restructuration de son personnel. Si son projet représente effectivement 103 emplois pendant 22 ans supplémentaires, la protection de la source est également celle de 30 emplois directs à beaucoup plus long terme.

8. Lhoist Industrie croît très profondément dans le bien-fondé de la solution proposée. Toutes les données récoltées pendant l’étude hydrogéologique confirment la qualité de la solution de pompage proposée. La phase d’essai que nous souhaitons lancer à présent doit nous permettre de le confirmer et ce n’est qu’au terme de ce test qu’il sera possible de juger de sa mise en oeuvre définitive.

Cette phase d’essai pourrait avoir des conséquences irréversibles sur la qualité de l’eau.

9. L’absence de risque pour l’Abbaye pendant la durée de l’essai est d’autant plus certaine que l’Abbaye dispose déjà aujourd’hui d’un captage alternatif dans l’aquifère de Neuville, qui lui donne accès à une eau d’une qualité au moins égale à celle canalisée par la galerie de Tridaine.

Hormis la question de la qualité de cette eau, il s’agit d’un captage et non d’une source.

En outre, l’abbaye a une obligation de livrer  gratuitement de l’eau à la Ville de Rochefort qui ne pourrait être assumée grâce à ce captage. L’abbaye est solidaire de la ville dans sa défense de Tridaine.

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